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Être Français, selon Jean d’Ormesson

En 2011, Jean d’Ormesson tentait de définir ce qu’est « être Français » pour le magazine Le Point :

Devant un jardin où l’eau des fontaines coule entre des statues du XVIIIe et des parterres de buis bien taillés, vous dites : « C’est très français. » Devant un gâchis invraisemblable où personne ne comprend plus rien, vous dites : « C’est très français. » Devant une action d’éclat au panache inutile, vous dites : « C’est très français. » Devant une opération de séduction menée tambour battant avec un mélange de grâce, de drôlerie et de distance, vous dites : « C’est très français. » Pascal est très français et Cyrano est très français. Montaigne est très français et Pasteur est très français. Descartes est très français et Musset est très français. De Jeanne d’Arc à de Gaulle, nous nous y connaissons en héroïsme. Et quoi de plus français que l’ironie et la légèreté qui appartiennent de tout temps à la légende de Paris ? Être français, c’est aimer la tradition et c’est aimer la Révolution. Être français est d’abord une contradiction.

Autour de nous, l’Angleterre, c’est la mer. La Russie, c’est la terre. Le génie allemand se déploie dans les légendes du Nord. L’Italie et l’Espagne incarnent la séduction du Sud. Être français, c’est être écartelé entre le Nord et le Sud, entre le rêve et la réalité, entre la mer et la terre, entre la Meuse chère à Péguy et la langue d’oc de Mistral. La France est une diversité – poussée trop souvent jusqu’à la division. Il y a des pays et des cultures qui sont des pléonasmes. La France est un oxymore. Elle aime rassembler les contraires.

Un Anglais n’a pas de doute : il sait qu’il est anglais. Un Allemand n’hésite pas : il s’efforce d’être allemand. Les Français s’interrogent sans cesse : « Qu’est-ce qu’être français ? » C’est qu’il y a au coeur de la France quelque chose qui la dépasse. Elle n’est pas seulement une contradiction et une diversité. Elle regarde aussi sans cesse par-dessus son épaule. Vers les autres. Vers le monde autour d’elle. Plus qu’aucune nation au monde, la France est hantée par une aspiration à l’universel. Avec une ombre peut-être de paternalisme extérieur, Malraux assurait que la France n’était jamais autant la France qu’en s’adressant aux autres nations. Witold Gombrowicz va plus loin : « Être français, c’est précisément prendre en considération autre chose que la France. »

C’est une tâche difficile de vouloir rester soi-même tout en essayant de s’ouvrir aux autres. Français, encore un effort pour être un peu plus que français et pour faire de la France ce qu’elle a toujours rêvé d’être sous des masques différents : un modèle d’humanité et de diversité. Ces malins de Français ont même donné un nom à ce mélange explosif : ils l’ont appelé fraternité.

Les inégalités expliquées à travers une partie de Monopoly

Des règles du jeu inégalitaires

Dans cette expérience filmée appelée «Jeu de société», des enfants se retrouvent pour une partie de Monopoly dont les règles ont été modifiées. Un adulte encadre le jeu et détermine pour chaque joueur des conditions de départ inégalitaires. Un enfant se retrouve avec 1500 euros tandis qu’un autre n’a que 750 euros pour démarrer la partie. Un autre se voit gratifié dès le départ de trois rues et de deux maisons. Le suivant bénéficie d’une carte d’immunité alors que son camarade noir va directement à la case prison. En passant par la case départ, les garçons reçoivent 200 euros tandis que les filles n’ont le droit qu’à 150 euros. Loin d’être amusante, cette partie de Monopoly va générer chez les enfants un sentiment de frustration et d’injustice.

Mais ces règles «injustes» sont en fait le reflet de la réalité. À la fin de cette vidéo, l’Observatoire des inégalités rappelle en effet les chiffres-clés des discriminations sociales. Seulement 14% des personnes issues des minorités auront une réponse positive dans leur recherche de logement. Les enfants défavorisés réussissent moins bien à l’école, à 14 ans, 35% d’entre eux ont déjà redoublé. Pour des infractions identiques, les plus pauvres ont trois fois plus de risques d’être condamnés. Tous types de travail confondus les femmes gagnent 23% de moins que les hommes. Face à toutes ces inégalités, l’Observatoire insiste sur la nécessité de changer les règles du jeu de notre société.